Observations dans le cadre de l’enquête publique – Projet de parc éolien Villers-le-Bouillet/Braives
En tant que citoyen.ne concernée par l’avenir de notre territoire, je souhaite formuler les observations suivantes concernant le projet de parc éolien de Villers-le-Bouillet et Braives dans le cadre de l’enquête publique.
1. Non-conformité avec les outils de planification communale de Braives
Le projet envisagé contrevient aux orientations du Schéma de Développement Communal (SDC) et du Guide Communal d’Urbanisme (GCU) de la commune de Braives. Ces documents, élaborés pour garantir un développement harmonieux et respectueux des spécificités locales, n’envisagent pas l’installation d’éoliennes en zone agricole.
Même si le CoDT permet une dérogation motivée, l’écart ici constaté est significatif et compromet la cohérence de la planification territoriale de la commune. Cette non- conformité devrait faire l’objet d’une justification rigoureuse, qui, en l’état, fait défaut.
2. Impact paysager sur des zones de haute valeur patrimoniale
Trois éoliennes du projet (n°1, 2 et 3) sont situées au cœur du Parc Naturel des vallées de la Burdinale et de la Mehaigne (PNBM), une zone reconnue pour sa qualité paysagère exceptionnelle.
Les éoliennes n°2 et 3 se trouvent en outre dans le périmètre d’intérêt paysager des vallées de la Burdinale, où l’étude d’incidences reconnaît elle-même un impact paysager « important ». Ce constat est en contradiction avec les principes de la charte paysagère du Parc naturel et les lignes de conduite spécifiques aux projets éoliens sur ce territoire.
Le patrimoine architectural local est également menacé, notamment la ferme du château de Fumal et certaines habitations proches situées au Thier Moson.
3. Défaut de participation citoyenne sur la version définitive du projet
La Réunion d’Information Préalable s’est tenue le 8 mars 2023 à Fumal, sur base d’un avant-projet qui a par la suite subi des « modifications substantielles ».
Ainsi, la population n’a pas eu l’opportunité de se prononcer sur la version finale du projet. Ce manque de transparence et de consultation va à l’encontre des recommandations du PNBM, qui prône une réelle participation citoyenne « en amont ». Il constitue une faille démocratique regrettable, d’autant plus importante dans un projet de cette envergure.
4. Incidences sur la biodiversité
Le projet présente des impacts significatifs sur l’avifaune locale (alouette des champs, faucon crécerelle, buse variable, milan royal) ainsi que sur les populations de chauves-souris.
Des collisions, effets de barotraumatisme et comportements d’effarouchement sont attendus, même avec des modules d’arrêt partiel.
Il est par ailleurs préoccupant que l’éolienne n°3 soit située à moins de 200 mètres du site Natura 2000 « Vallée de la Mehaigne ». Ce site est pourtant classé en zone d’exclusion à l’implantation d’éoliennes selon la ligne de conduite du PNBM, ce qui devrait, à tout le moins, entraîner une réévaluation approfondie du projet.
5. Dépassements des normes sonores et rendement énergétique discutable
Les modélisations acoustiques anticipent des dépassements des normes sonores, obligeant à brider les éoliennes, y compris celles situées sur le territoire de Braives.
Ces contraintes techniques engendrent des pertes de production significatives, remettant en cause l’efficacité du projet. Il est légitime de s’interroger sur l’intérêt d’un projet de cette envergure si celui-ci ne peut fonctionner à pleine capacité.
6. Avis défavorable des autorités aériennes
La DGTA et Skeyes ont rendu un avis défavorable au projet en raison de sa proximité avec le radar de Liège. Ces préoccupations de sécurité aérienne concernent l’ensemble du projet, y compris les éoliennes implantées à Braives. Le caractère contraignant de cet avis et son impact potentiel sur la viabilité du projet ne peuvent être ignorés.
7. Risque de mitage paysager et non-respect des principes d’implantation du Parc Naturel Burdinale-Mehaigne (PNBM)
Le mitage paysager est défini comme la « multiplication d’infrastructures dans un espace rural ». Ce phénomène fragilise l’identité paysagère et la cohérence des paysages traditionnels, notamment en zone rurale protégée comme le PNBM.
La « lignes de conduite pour le grand éolien sur le territoire du parc naturel burdinale-mehaigne » insiste sur la nécessité d’éviter le mitage du territoire et de « favoriser les parcs éoliens de taille relativement importante avec une composition groupée (d’au moins 5 à 10 turbines) ».
L’objectif est de « garantir des espaces visuels sans éolienne et consolider des paysages autres que des paysages énergétiques ». Elle met en garde contre le « développement en ponctuation », la « politique de coup par coup » et le risque d’ »encerclement de l’horizon jusqu’à la saturation », un risque réel dans un contexte de nombreuses implantations éoliennes récentes ou projetées dans la région.
Bien que le projet soit présenté comme une extension du parc éolien existant de Villers-le-Bouillet (situé à l’est du projet, le long de l’E42), l’ajout de trois nouvelles éoliennes dans le PNBM, un territoire à haute valeur paysagère, va à l’encontre des objectifs fixés par le Parc de « garantir des espaces visuels sans éolienne ». Cela accentue un sentiment d’oppression et de saturation visuelle que dénonce déjà une partie croissante de la population locale, et traduit une forme de frénésie incontrôlée du développement éolien.
La ligne de conduite du PNBM précise explicitement que les parcs éoliens « ne peuvent jamais s’intégrer » pleinement dans le paysage du Parc naturel, ce qui rend le projet particulièrement problématique sur le territoire de Braives.
En conclusion, le projet, dans sa configuration actuelle, pose de multiples problèmes au regard de la planification locale, de la protection du paysage, de la biodiversité, de la sécurité et du respect du processus démocratique.
Pour ces raisons, je demande que ces observations soient dûment prises en compte dans le cadre de l’enquête publique, et que le permis soit refusé ou réévalué en profondeur, en tenant compte des spécificités du territoire de Braives et de la volonté de ses habitants.
